Il était une fois une princesse lycéenne, à qui son parrain (qui n’était pas magicien, non…) envoyait des livres (en voilà un qui avait tout compris !).
Amazon en était à ses balbutiements, et internet n’était pas encore présent au château. Mais déjà, je goutais les délices de la réception du colis littéraire, et je me souviens encore du premier colis que j’ai réceptionné.
En ce matin d’automne, le facteur avait délivré un Colissimo à mon intention. Quelques livres venus de loin pour marquer le passage d’une nouvelle année - traduction, c’était mon anniversaire, oui, même les princesses en ont un !
J’ai découvert dans l’intimité de ma chambre au lit simple les livres qui allaient rythmer mes soirées pendant les prochaines semaines. Et après une étude attentive des 4èmes de couverture, j’ai jeté mon dévolu sur le livre de Ken Follet, "Les piliers de la terre".
Et puis… j’ai lu le prologue… qui ouvre sur une pendaison… et une malédiction faite au sang de poulet…
J’étais jeune et impressionnable à l’époque, et les 1060 pages que représente l’ouvrage m’ont tout à coup fait peur. Je l’ai donc reposé. 3 semaines plus tard, j’avais épuisé ma PAL. Nous étions dimanche soir, il pleuvait, ma sœur (3 ans à l’époque) avait décrété qu’elle voulait regarder Pingu pour la millionième fois consécutive, et mes devoirs étaient bouclés…
Je me suis donc résolue à retenter les Piliers… Sans relire le prologue (vous connaissez l’histoire, le vieux singe, les grimaces…).
Bilan, j’ai dormi 3 heures. Mais seulement parce que le lendemain, j’avais dissertation d’allemand en première heure et que je voulais quand même pouvoir écrire droit…
Ce livre, je l’ai relu de nombreuse fois depuis. La tranche est usée par le temps, certaines pages témoignent des gouters, petits-déjeuners et autres repas que j’ai pris le nez plongé dans cette histoire.
En un mot comme en cent, ce livre, je l’aime d’amour !
Et en ce week-end pluvieux/neigeux où la fièvre a gagné mon organisme, où ma voix s’est faite chevrotante et où mes yeux ont cet éclat fiévreux que l’on attribue aux grands malades et au Chat Potté, quoi de mieux que le retour aux vieilles valeurs pour le post du lundi?
Ce livre est une tranche d’histoire. C’est l’histoire d’une cathédrale à l’aube de l’ère gothique flamboyante, alors que l’Angleterre subissait une guerre d’accession au trône et que le Pape déclarait la Deuxième croisade.
C’est l’histoire d’une cathédrale et de la vie aux alentours. Car une cathédrale n’est pas seulement une œuvre à la gloire de Dieu, c’est un instrument de pouvoir. Qui dit cathédrale, dit pèlerins, commerces, travail, taxes, renommée, influence… C’est une œuvre d’art, c’est un monument à l’épreuve du temps et une marque que l’homme laisse, sinon pour l’éternité, du moins pour quelque chose s’en approchant.
Cette cathédrale est le poumon de ce livre, et les bâtisseurs qui lui permettront de s'élever, fière et gracile dans le ciel anglais sont le cœur de l’histoire.
Elle semble même être le point d’ancrage des décisions qui font l’Histoire avec un grand « H ». Son existence même est fonction des alliances et mésalliances des divers puissants qui influencent la vie des plus humbles.
Les personnages du roman deviennent de vieilles connaissances, des amis que l’on connait depuis des lustres. On les appelle par leurs prénoms. Il y a Tom, Ellen, Jack, Martha, Aliena, Richard, Phillip... Et comme tous nos amis, nous leur souhaitons le meilleur, tremblons nous aussi de peur devant les épreuves que ces derniers affrontent. On vibre à la découverte de certaines scènes. On s’offusque devant l’injustice du monde médiéval, on s’émerveille à la naissance des sentiments de certains. Jack et Aliena, ou l'histoire d'amour la plus méritante qu'il m'ait été donné de lire. Car le sort en a contre eux, des obstacles en veux-tu en voilà! Aliena est fille de comte, Jack est fils de hors-la-loi. Et cela, mes amis, n'est que le début des ennuis...
Car rien n’est acquis d’avance. Et le chemin sera long pour Jack, Aliena, Phillip et tous les autres, pour qu’enfin cette cathédrale tant rêvée voit le jour. Elle emmènera Jack aux confins de l’Andalousie, elle poussera Aliena à braver le regard des autres pour vivre la promesse faite à son père tout en restant fidèle à son cœur. Elle demandera à Phillip une ferveur et une foi sans faille pour la construction aboutisse.
Elle demandera à tous des sacrifices, même à nous, lecteurs, qui souffrirons (en silence?) à la lectures des difficultés qui viendront croiser le chemins de nos amis…
Mais ne vaut-elle pas au centuple ces sacrifices ?
En refermant ce livre, j’ai toujours l’impression d’avoir été le témoin d’un miracle. Le miracle de la volonté des hommes face à l’adversité. Le miracle de la volonté des hommes de réaliser leurs rêves. Le miracle de la volonté des hommes s’unissant autour d’une cause qu’ils estiment être juste, belle et supérieure à eux.
A chaque lecture, je me rappelle qu’au bout du compte, les bâtisseurs, les commanditaires, et tous les acteurs de la construction s’effacent devant la majesté de l’œuvre – et il n’est nul besoin d’être croyant pour apprécier la beauté de Notre-Dame, n’est-ce pas ?
Ce livre me rappelle que l’Histoire est faite de miracles. Sinon, comment expliquer que la date de la bataille de Marignan soit si facile à retenir ?
Laissez vous tenter par cette histoire, et racontez-moi combien le chemin, bien que dur, a été merveilleux !
Tam-Tam