Ce n’est plus un secret pour personne, j’aime les mariages arrangés. Et je les aime encore davantage quand ils correspondent à une réalité historique (comprendre, les mariages arrangés à New-York en 2010, le coup de la vierge sacrifiée pour sauver la fortune familiale, typique des Harlequin 80’s, ou autre ressort de l’histoire du même acabit, avec comme exemple majeur le mythique Jordan Hayes – si vous ne savez pas encore qui est JH il est urgent de remédier à cette lacune – résultat crédibilité moyenne et quotient sympathie pour les héros encore plus moyen !).
Le dernier livre que j’ai lu, Confessions from an arranged marriage de Miranda Neville ne trompe pas sur la marchandise. C’est un mariage arrangé, le titre le dit ! Et c’est d’ailleurs sur la seule base de ce titre que j’ai choisi le livre. Je ne connaissais pas l’auteur, mais soyons fous (en ce moment j’ai l’impression de dire ça dans chacun de mes articles…). Quelques recherches plus tard, le pari ne me semblait que moyennement risqué et grâce à Isidore, il ne fallait que quelques minutes pour me lancer.
Ici, tout commence quand Miss Minerva Montrose est prise d’une migraine, le soir de son bal des débutantes. Car, qui dit migraine, dit nécessité de s’éclipser discrètement pour se reposer quelques minutes, dans la bibliothèque de la maison. Maison qui n’est pas la sienne mais celle de sa « sponsor » pour la soirée, la Duchesse de Hampton.
Tout commence quand le marquis de Blakeney, héritier du Duc de Hampton, croise dans les salons de ce même bal, un ancien camarade de classe dont la seule présence lui donne envie de boire plus que de raison. Beaucoup beaucoup plus que de raison.
Et tout commence quand, sur un malentendu, le Marquis de Blakeney confond Miss Minerva Montrose avec une autre femme, à la vertu et à la réputation bien légère. Ce qui, vu son état d’ébriété avancé, a pour conséquence une situation… pour le moins… embarrassante… genre même moi j’aurais été embarrassée, c’est vous dire !
Et dans l’Angleterre de la régence, qui dit situation embarrassante, dit réputation écornée, dit nécessité d’un mariage arrangé pour « réparer ».
Nous avons donc un mariage arrangé qui débute sous de bien mauvais auspices, Minerva et Blake n’étant pas à proprement parlé des inconnus l’un pour l’autre, mais plutôt des connaissances moins que cordiales… Blake pense que Minerva est une pimbêche prétentieuse et ambitieuse, Minera pense que Blake est un paresseux borderline stupide. Autant dire, un début parfait pour un mariage harmonieux !
Et laissez-moi vous dire que, dès les premières pages, l’auteur ne ménage pas ses personnages. J’ai réellement cru Blake indolent, sans aucune considération pour ses proches, Minerva terriblement sûre d’elle pour une jeune fille de 19 ans… Résumons, je ne les ai pas trouvé sympathiques du tout ! Probablement de la même manière qu’eux ne se trouvaient pas mutuellement sympathiques…
J’ai donc lu les premiers chapitres, jusqu’au mariage, avec une certaine inquiétude. N’allais-je pas lire une énième histoire où l’on nous expliquerait que, de la haine à l’amour, il n’y a qu’un pas et que celui-ci peut être franchi plus vite que l’éclair par la magie d’un bon lit (ou canapé, ou rebord de fenêtre, ou bureau, ou siège de fiacre, ou vraiment, ce que vous voulez, il n’y a que l’embarras du choix !) ? Ce ressort, usé et abusé par trop d’auteurs en mal d’inspiration, est rarement crédible à mes yeux, et je sais que je ne suis pas là seule à le penser !
Mais finalement non. Confessions from an arranged marriage est un bon livre. Un très bon livre même ! Miranda Neville mène intelligemment son histoire, la plaçant dans un contexte politique riche (Minerva est passionnée, et Miranda a bien fait ses recherches, la mise en place est plus que crédible…), ses personnages se développent tout doucement, au fil du temps.
J’ai aimé le personnage de Minerva, très terre-à-terre et passionnée par les jeux du pouvoir (activité hautement inacceptable pour une femme à l’époque et problématique bien gérée), j’ai aimé l’évolution de Blake, qui n’est (en bon héros de romance qui se respecte) pas aussi simple que les apparences pourraient le laisser penser. J’ai aimé que le temps s’écoule dans cette histoire, laissant le temps aux choses de murir, j’ai aimé que, en dépit des écueils, aucun ne reste campé sur ses idées préconçues de l’autre. J’ai aimé que Blake appelle Minerva Minnie, ce qui ne colle pas du tout avec l’image de femme respectable que celle-ci cherche à renvoyer. J’ai aimé que la différence entre leur intérêts propres donne lieu à quelques conversations d’un ennui profond (enfin ennui pour eux hein, pas pour nous, l’auteur n’aurait pas osé nous faire un coup pareil !). Oui, ça peut paraitre ridicule dit comme ça, mais cela permet de voir les choses de façon plus réaliste…
J’ai aimé retrouver une régence intelligemment écrite, avec des personnages complexes, une histoire tendre et un peu d’humour pour saupoudrer le tout !
Et j’aime encore plus pouvoir vous recommander ce livre et vous souhaiter pour cette semaine, une bonne lecture !
Chi-Chi