24 février 2011

Satisfaction?

Le néophyte pense souvent que romance = Harlequin = histoire à l'eau de rose gnan-gnan et pas très intelligente. Et c'est vrai que parfois, c'est le cas, comme avec SFALO, Carissa, Hiawatha ou Sophie... Mais Harlequin, c'est aussi la maison d'édition de Kristan Higgins! Preuve s'il en est qu'il ne faut jamais généraliser...

Des romances ratées, on en trouve chez tous les éditeurs finalement... Et je vais aujourd'hui vous parler d'un livre édité chez Avon (filiale de Harper Collins, et qui publie notamment Eloisa James et Julia Quinn). Livre qui concentre un nombre si important de phrases ridicules et de clichés que je n'ai pas réussi à dépasser la page 4. Peut-être ai-je eu tort, peut-être l’histoire est-elle merveilleuse, indépendamment de cette mauvaise première impression, je ne le saurais jamais !  

Une fois n'est pas coutume, vous aurez droit à l'extrait des premières pages, disponible sur le site de l’auteur...  

Sleeping single in a double bed? Then think pink, the color of love and romance! Wear pink to attract your Mr. Right - shell pink, rose, magenta, any hue will do. Snuggle between pink sheets, nosh on pink foods, and splash the doorway over your bedroom with passionate pink paint. When you're 'in the pink' you won't need to go looking for love, honey; it's smack right into you!"
Georgiana Mundy's Feng Shui For Lovers 

Ouverture sur un extrait du best-seller de notre héroïne, « Le Feng-Shui pour amoureux ». Où elle nous conseille de penser rose pour attirer les hommes. Rose dragée, rose pâle, rose fuchsia, rose magenta, n’importe quelle nuance fera l’affaire. Et au passage, repeignez votre chambre en rose, investissez dans des vêtements roses et ne mangez plus que des aliments roses. A cet instant, je réalise ce qui manque à ma vie : les draps de mon lit ne sont pas roses! Et c'est sur, il a suffit de quelques lignes pour me convaincre, je crois qu'en réalité, tous les hommes sont attirés par le look barbe-à-papa d'une folle qui ne se nourrirait que de chamallows et de fraises Tagada (manger sainement, c'est pour celles qui veulent rester célibataires)...  

Chapter 1 

A bell pinged, and the set of double doors slid open. Stepping inside the empty elevator, Ethan Darling thumbed the button for the thirty-first floor, then crossed his arms and leaned his shoulder against the cherry wood paneling, watching as the polished steel panels begin to glide quietly together.
"Wait, wait, wait!"
Fingers fluttered between the closing doors like a frantic butterfly. 

Ethan Darling, notre héros, est dans un magnifique ascenseur, dont aucun détail ne nous sera épargné : lambris en bois de cerisier ciré, portes en acier poli qui glissent silencieusement l’une vers l’autre, accompagnées par le tintinnabulement délicat d’une clochette (où comment remplir du vide avec rien)… Et des doigts qui s’agitent entre lesdites portes comme un papillon désespéré. Comme. Un. Papillon. Désespéré. Comme un papillon désespéré !!! J'espère que vous ressentez bien tout le désespoir du papillon en cet instant... 

Without thinking, Ethan thrust his hand through the narrow gap, curling his fingers around the edge of the cool metal door at the exact moment a soft pink blur shot into the car and slammed into his chest, knocking him back a few steps. Her forehead conked him on the nose, sending a sharp pain up between his eyes, momentarily blurring his vision.
She was either a klutz or a clever assassin. Before he could decide which, her heel crunched down on his right foot, and he clenched his jaw to keep from calling her a very ungentlemanly name. Her abrupt movements caused her gigantic shoulder bag to gain the momentum of a wrecking ball, and as it headed directly for his nuts, he jerked his hips back just in time to salvage his manhood.  

Première rencontre sportive entre Barbie et Ken, Barbie profitant de l'occasion pour casser le nez de Ken, lui écraser les orteils et faire une tentative de castration à coup de sac à main, tentative évitée  de justesse par les réflexes incroyables de Ken (oui, l'héroïne blonde habillée en rose, je suis désolée, c'est Barbie, et donc son héros ne peut être que Ken!). Bien sur, le tout se déroule en 3 secondes top chrono, et Ken pense que Barbie doit être une tueuse super-entrainée ou une sacrée maladroite. Ken a de l'humour. Une tueuse, c'est toujours la première chose qui me vient à l’esprit quand je me fais attaquer dans un ascenseur (ce qui m'arrive tous les jeudis à 14h30, pour information).  

Somewhere along the line, he'd grabbed her shoulders and pulled her against his body to keep them both from falling. Through the fabric of his suit jacket and shirt, he felt firm muscle, solid bone, and warm feminine flesh where her boobs and belly met his torso.
Her head lowered, she was panting hard, and had looped her arms around his neck to steady herself. Anybody entering the elevator would have sworn they were lovers locked in a passionate embrace - unless they happened to notice the look of agony mixed with the ecstasy on his face.

Ken, malgré une douleur insoutenable, affiche sur son visage une expression proche de l’extase. Deux questions s'imposent à ton esprit, lecteur : comment sait-il que son visage exprime l'extase, et pourquoi une telle expression ? Eh bien il le sait car, comme tout bon héros de romance qui se respecte, il a un rétroviseur intégré! Voilà, un tabou est brisé, vous saurez tout des héros de romance aujourd'hui. Ce rétroviseur lui est tout à fait indispensable pour savoir ce que reflète son expression à tout instant (sinon, on ne sait jamais, il pourrait croire qu’il est en colère quand il a sommeil, ou qu’il est heureux quand on le menace de mort. Et avouez, ce serait embêtant pour la logique de l’intrigue). Et s’il est en extase, c’est car il est tout troublé dans son petit corps par la présence de Barbie, dont les bras sont entortillés autour de son cou (Barbie est une pieuvre en fait). 

For a moment, the compartment grew quiet while he stared down at the top of her head. Finally, he murmured thinly, "You hurt?" She kept her head bent as she disentangled her arms from around his neck and pushed herself off him. In a husky voice, she whispered, "I'm embarrassed."
He dropped his arms to his sides, suddenly not knowing what to do with them. Her body had fit him so perfectly, felt so good, he was almost sorry their little skirmish was over.
Running her fingers through her glorious tumble of long brown hair, she tried to smooth the tangled mass, but only succeeded in galvanizing his attention. Ms. Knockout was really a knockout. 

Oups, Barbie est toute embarrassée, elle n'ose pas regarder Ken, elle se tortille et se tripote les cheveux. Barbie a 4 ans, 4 ans et demi les bons jours...   

Finally she raised her face, their eyes locked, and she rushed, "You're hurt! I hurt you! Oh, God, I'm so sorry!" She lifted her hand as if to touch his cheek, but seemed to think better of it, curled her fingers in, and lowered her arm.
"I'm fine," he bit out, realizing as he did so, that the pain in his side had flared up again. Maybe his abrupt movements had irritated the scarring, but suddenly, the wound burned like hell, and it was all he could do to keep from snapping at her to leave him the hell alone.
She examined him more closely. "But I see pain there, in your eyes. Are you sure I didn't---" 

Barbie est désolée, Ken, lui, a très très mal… Lecteur, à cet instant, tu apprends qu’il a une blessure qui lui fait super mal (crédit blessure mystérieuse) et qu’il ne veut pas l’avouer, non non il va top bien (crédit virilité). Mais Barbie est une fille intelligente, elle ne s’en laisse pas conter, non non, elle peut lire la douleur, juste là, dans ses yeux. Oui, parfaitement, Barbie possède un super pouvoir, elle peut lire la douleur dans les yeux de Ken. Pas dans sa grimace, pas dans la façon dont il se tient, non, dans ses yeux.

Je suis près de jeter l’éponge (et Georgie et ses jupons roses et Ethan et sa virilité mystérieuse en émoi avec)… 

"Positive." He wanted to clutch his ribs, but didn't make a move.
A warning bell sounded, and he realized her purse had dropped into the open doorway, preventing the doors from closing. He reached past her to pick it up, the bell ceased ringing, the doors slid together, and the elevator began to rise.
Finally, he thought with relief as he handed the handbag to her.
She smiled sheepishly up at him. "I, um, I hope I didn't cause any damage when my bag hit you." 

L’ascenseur repars, et là, Barbie choisit cet instant pour demander si son sac a causé des dégâts là où il a frappé. Mais si, souvenez-vous, le sac à main a essayé de castrer Ken, à l’insu du plein gré de sa propriétaire, et seuls les réflexes surhumains de notre héros ont permis de préserver l’avenir de l’humanité, et la descendance que nos héros voudront surement avoir un jour (non, pitié, n’essayez pas de vous reproduire !!!).  

He shrugged, noticing the deep brown of her irises, sort of like melty pools of chocolate. Her lashes were dark, too, and sooty, making her eyes appear languid and mesmerizing. For a couple of seconds, he totally forgot how to breathe. If his heartbeat wasn't set on automatic, he'd've needed jumper cables to get it going again. 

Arnaque sur la marchandise, Ken nous dit que Barbie a les yeux qui ressemblent à des piscines de chocolat fondu, or je sais de source sure (ma petite cousine) que Barbie a les yeux bleus! 

L'auteur tente de nous vendre une contrefaçon, il est temps de fuir!!! 

D'autant que Ken a le cœur sur pilote automatique, et qu'il a bien peur que le regard de Barbie ne lui fasse tant d'effet qu'il faudra des câbles de batterie pour le faire repartir. Je comprends, moi aussi quand j'ai appris que Barbie était une usurpatrice, cela m'a perturbée...  

Pardon mes chers lecteurs, je (et vous) ne saurez jamais la suite de cette histoire. Nous en sommes en bas de la page 3 et déjà, j’ai atteint mon quota de phrases et images stupides par livre, les quelques neurones qui ont survécu au poids des ans ne se remettraient pas de 200 pages supplémentaires au même rythme… 

Mais je partage tout de même avec vous une triste nouvelle : Tam-Tam m'a demandé de vérifier la fin, et j'ai le regret de vous annoncer que Ken et Barbie n'ont pas entendu mes supplications, elle est enceinte. L'humanité est perdue...


Chi-Chi
 
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12 commentaires:

  1. C'est dommage, je trouvais la couverture très prometteuse, et le jeu de mots dans le titre du précédent livre me plaisait également (Arousing Suspicions). Tu es sûre que tu ne peux pas poursuivre un peu? Même en pensant aux rencontres souvent pourris de SEP ou aux débuts ô combien lents de Judith McNaught? Tu ne ferais pas ça pour ton public adoré, Chi-Chi?

    Si non, c'est que c'est vraiment un cas désespéré, ou bien que tu as trop d'autres volumes intéressants dans ta PIL...

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  2. @ Pirouette : Ce n'est pas l'histoire en elle-même qui m'a tellement dérangée que le style d'écriture, que je trouve profondément niais et maladroit. Les rencontre de SEP sont tirées par le cheveux mais au moins drôles, là cela m'a juste énervée... Et je partage l'avis de Tam-Tam sur les promesses des couvertures!

    Mais si tu veux prendre le risque, je te fais cadeau de mon exemplaire! ;o)

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  3. @Pirouette: Si tu regardes la couverture de plus près, tu remarqueras que la femme à des griffes...pas très feng shui si tu veux mon avis!

    @Chi-Chi: Well done dear, je me gausse encore des maladresses de Barbie et m'en vais de ce pas jeter toutes les fraises tagada qui auraient pu trainer par ici...

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  4. J'aurais adoré lire ta chronique sur le livre entier ! Mais Pirouette va peut-être se dévouer ? Non plus ? Bon, on ne saura pas quelles aventures merveilleuses attendent Barbie et Ken après la tentative de meurtre dans l'ascenseur (à moins que ce soit un huis clos ?)

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  5. C'est déjà fort d'avoir lu tout ça ! (Yayane)

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  6. @ Tam-Tam : Je n'avais pas vu les doigts (je préfère ignorer les couvertures)...

    @ Rinou : Vraiment désolée, j'ai préféré épargner mon temps pour un livre agréable à lire, mais il y aura d'autres chroniques dans ce genre! Quand à celui-là, qui sait, Pirouette, intéressée? ;o)

    @ Oriane : Ce n'était pas un jour de grande patience, mais au moins j'ai bien ri!

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  7. @Chi-Chi: moi j'aime bien les couvertures, ça me fait bien rire!

    @Rinou: Mais à quel étage le tueur habite-t-il??? ^^

    @Oriane: Chi-Chi est une sainte. Elle sait se dévouer pour les grandes causes!

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  8. Ben moi je suis explosée de rire!!!!!!!

    Heureusement que tu lis d'aussi bon livre, qui ne me donne pas envie de me ruer dans la première librairie possible virtuelle ou non et m'éclate autant. Tu veux pas nous lire la suite s'il te plait avec tes commentaires........

    En attendant, merci pour ta chronique.

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  9. MDR :D ta chronique est trop savoureuse on en veut encore ! please la suite... pretty please with cherries on top!!! ;)
    Insupportable suspense, ils ont encore 31 étages à tenir sans s'entretuer ni se reproduire...

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  10. @ Bancale & Marine : Merci! ^_^

    Je crois que je n'ai pas le choix, il va falloir lire la suite si je veux que vous reveniez, c'est ça?

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  11. En effet, ton public te demande ce sacrifice ^^

    Qui sait, tu auras peut-être une surprise? Pour l'instant, celui-ci a l'air plus supportable que SFALO, mais je ne sais pas si vous avez créé l'échelle d'idiotie en plus des autres échelles? :-D

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  12. Ah mais c'est différent, SFALO, je l'ai commencé en SACHANT ce que je risquais d'y trouver! Et il fait à peine 100 pages, nettement plus court!

    On a pas encore créé d'échelle de nullité, mais je crois que je vais réfléchir au concept! ;o)

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