25 août 2010

Quand vous reverrai-je enfin ?


Il est un grand classique de la romance que je trouve très délicat à réussir : les retrouvailles.

Chi-Chi me faisait d’ailleurs part il y a peu de sa difficulté à en trouver qui lui plaise au point de la faire partir dans des envolées lyriques de compliments sur le style, l’auteur, l’histoire, les personnages... Et moi, toujours optimiste de lui répondre « Non, tu trouves ? Je n’ai jamais remarqué… ».

Pendant un temps, je n’ai pas donné plus de poids que cela à ses dires (désolée très chère…) et j’ai continué allègrement à lire des histoires de retrouvailles.


Pourtant, en refermant certains livres, j’ai commencé à comprendre les éléments qui dérangeaient notre chère Chi-Chi, ces éléments qui par accumulation peuvent rendre le livre très difficile à lire, et gâcher une partie de la lecture.


Hier au soir, confortablement installée dans mon royal canapé rouge, j’ai fini « Enchanted Afternoon » (Le pavillion du lac) de Susan Wiggs, l’histoire de la sœur de l’héroïne de «Halfway to Heaven ».

Nous avions quitté Helena sur le point de se marier à Troy Barnes, sénateur en herbe, après avoir vu son cœur brisé par le très brillant Michael Rowan, scientifique aux chaussettes dépareillées et aux doigts agiles – NDLR vous apprendrez qu’en romance, les scientifiques aux chaussettes dépareillées ont un potentiel de sexitude que je n’ai que très rarement retrouvé dans la vraie vie.

Loin de moi l’idée de généraliser la « non-sexitude » du scientifique, mais plutôt celui de toute personne avec les chaussettes dépareillées… D’ailleurs, si on peut voir avec précision que les chaussettes sont dépareillées, c’est qu’on a affaire soit à un scientifique allemand en short à bretelles et chaussettes dépareillées montantes ou un scientifique un peu naïf qui ne sait pas qu’il faut toujours enlever ses chaussettes en premier ! Dans les deux cas, sur une échelle de zéro à Hugh Jackman, l’homme perd des points…


Mais revenons-en à notre chère Héléna…

Nous la retrouvons aujourd’hui mariée et mère, portant le deuil de son père décédé quelques temps auparavant et…battue par le vicieux sénateur qui lui sert d’époux!

Elle décide donc d’appeler son ancien amant à l’aide pour divorcer de « l’autre » (j’aurais bien qualifié cet autre avec un peu plus de précision, mais je crains de ne pas pouvoir me retenir quant à tous les noms d’oiseaux que j’aime à accoler aux hommes qui s’en prennent à leur famille…).

Dans un premier temps, le professeur refuse, mais l’intrigue s’épaissit lorsqu’il réalise que 1) le jeune William a les yeux de sa mère (et les siens par la même occasion) et 2) que la magnifique Helena est couverte des bleus de sa dernière rencontre avec « une porte » !


Je vous parlais plus tôt des éléments qui ont fini par me faire tiquer dans les romans de retrouvailles, ici bien que manié avec le talent dont Susan Wiggs sait faire preuve, je n’ai pu m’empêcher de lever les yeux au ciel à deux ou trois reprises.


- L’enfant caché : vraiment, vous croisez une ancienne amante, et votre premier instinct est de penser que l’enfant qui a 4 ans est peut être le votre ? Il est vrai, des circonstances font que cela peut s’avérer exact, mais là encore, comment font ces hommes pour « se reconnaitre immédiatement dans le reflet du regard de l’enfant » ? Le coup des yeux bleu dont l’iris est constellé de taches violettes en forme de trèfles à 4 feuilles ou de la mèche rebelle qui prend l’exacte forme d’une virgule sur la tempe de l’enfant cela devient un peu fatiguant à la longue…et ne parlons même pas des jeunes filles qui sont l’image même de la mère de l’ex-amant, cette dernière étant souvent morte dans des circonstances atroces…

Dans notre livre, William aime à dépareiller ses chaussettes, compte le temps à la seconde près, fait preuve d’une intelligence assez impressionnante et a des yeux bleu profond exactement comme ce cher professeur et sa chère maman morte dans la pauvreté...


- La rancœur de l’homme bafoué : alors ce que je ne comprends pas c’est pourquoi ces dames se fustigent alors qu’aux dernières nouvelles c’étaient ces messieurs qui les avaient larguées comme de vieilles chaussettes ? Lorsqu’un enfant entre dans l’équation, c’est pire. L’homme parle de viol de ses droits, de mensonges…et j’en passe. Objection votre honneur, vous avez la mémoire courte, la grossesse vous a été annoncée, mais vous avez choisi d’ignorer la véracité des dires de votre ancienne amante… Que je sache, vous ne vous êtes jamais inquiété de savoir comment elle allait après l’avoir rayée de votre existence ?

Dans le roman, Rowan est choqué qu’Helena ait gardé l’information pour elle… Euhhhh à la question « si j’étais enceinte, qu’adviendrait il de nous ? » il me semble me souvenir que vous avez répondu « je ne tomberai pas dans un piège aussi vieux » cher professeur ! Et je me permets de vous rappeler que la naissance du fils d’un sénateur n’est pas comme qui dirait un secret. Je pense que si vous aviez eu des doutes, vous auriez pu vous enquérir vous-même de votre rôle dans cette naissance ! Moi qui pensais que vous étiez un brillant scientifique, j’avais imaginé que vous saviez compter !


- L’attraction animale entre les héros dès leurs retrouvailles. Alors, qu’on ait encore des sentiments dans les mois qui suivent une rupture… soit! Qu’on ait encore envie de faire des galipettes sous la couette après rupture, je conçois... Mais qu’on n’arrive pas à se retenir de tomber dans les bras du type qui vous a fait souffrir 3 jours après l’avoir revu, j’ai un peu du mal à avaler… surtout quand cela sous entend la ré-éclosion des sentiments ! Je ne sais pas… elle n’est pas un peu en colère contre ce qu’il a fait ?

Dans le roman, c’est tout juste si Rowan ne propose pas à Helena de renouer leur relation physique d’entrée de jeu… Bon, je dois reconnaitre qu’elle ne se laisse pas faire, ce que je trouve tout à son honneur. Et les héros ne renouent leur relation que « tard » dans le roman (au moins plusieurs semaines après leurs retrouvailles) ce qui rend le tout plausible… mais vraiment, je suis ébahie par cette capacité à oublier la douleur de la séparation !


Ce roman est heureusement écrit par Susan Wiggs qui sait trouver les mots pour développer son histoire au-delà des retrouvailles entre les deux personnages. Ici, il est question de la position de la femme dans l’Amérique du début du siècle, des possibilités de refuge pour les femmes battues, de la question du père, de la pression du scandale et des magouilles politiques…

J’ai compris hier soir ce que voulait me dire Chi-Chi lorsqu’elle parlait de la recette difficile des retrouvailles. Il ne faut pas que l’histoire ne tourne qu’autour du conflit et du passé des héros. Malheureusement les auteurs en font parfois un peu trop, et le livre s’en ressent.


Les histoires de retrouvailles sont délicates, Susan Wiggs n’obtient pas la note maximale ici, mais un simple C.

Mais ne craignez rien, nous saurons vous trouver des histoires de retrouvailles qui valent un magnifique A+ !


Bonne lecture
Tam-Tam
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6 commentaires:

  1. Une échelle de 0 à Hugh Jackman??! ^^
    Toi tu sais trouver les mots pour me parler!

    Quand à ce qui me dérange dans les retrouvailles... bah tout y est, au point de me faire fuir dès que je vois qu'il s'agit d'un ex, ex-relation ou ex-relation-non-consommée d'ailleurs. Sauf si on me met le livre dans les mains en me garantissant qu'il est bon!

    Chi-Chi

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  2. @Chi-Chi: oui, je sais, c'est sans doute la meilleure échelle de mesure qui me soit venue à l'esprit à ce jour!
    On parle bien de l'échelle de Richter!

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  3. Très bon post, avec des expressions pas mal drôles (j'ai aimé le coup de l'échelle aussi).
    Je n'ai pas lu ce livre, mais toutes tes remarques touchent juste, vu qu'elles m'ont rappelé un certain nombre d'histoires de retrouvailles que j'ai pu lire... Malgré tout je ne suis toujours pas rendue allergique à ce type d'histoire. Je persévère ! Il y en a qui fonctionnent, d'autres pas.

    Dans celles qui fonctionnent, j'ai bien aimé "Petals in the Storm" et "The Burning Point" de Putney (mais attention si vous faites un gros bloquage sur la violence conjugale, argh), "Les amants réunis"/"Letters to Kelly" de Brockmann, "Simply Irresistible" de Gibson, "The Book of Scandal" de London, "The Girl with the Golden Gun" de Major, "Falling for Gracie" de Mallery, "Claiming the Highlander" de MacGregor, "Remember When" de McNaught... Enfin, peut-être que je ratisse large ; les héros de ces livres n'ont pas forcément un passé commun très chargé, voire carrément platonique.

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  4. @Asia:
    Dans ta liste, j'en ai lu deux...Claiming the Highlander et Remeber when...
    Et je pense savoir pourquoi je les ai aimé...les héros ne sont PAS sorti ensemble auparavant...ils se connaissent depuis des années, mais n'on jamais été amants avant le début du livre...

    Enfin, je pense proposer mon échelle de mesure à l'académie française...je pense qu'elle fera fureur!

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  5. Coucou, j'ai découvert ce blog récemment, et je le trouve très intéressant parce que bien que vous vous centriez sur un genre, vous le faite tellement bien que vous balayez un large spectre de la littérature, donc bravo :)

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  6. @Katia: merci pour ce joli compliment!
    C'est exactement notre intention, montrer que la "romance" n'est pas un genre qui ne s'adresse qu'aux ménagère de moins de cinquante ans ou au vieillie filles frustrées, mais qu'il est à la fois méconnu, et présent partout.
    Un vrai paradoxe la romance!

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